EURO 2020 – L'équipe de France a franchi l'obstacle du premier tour, avec une victoire initiale et deux nuls pour finir. Si elle veut aller très haut, là où on l'attend, elle devra passer la vitesse supérieure. Et dès les huitièmes de finale, si possible. C'est toujours à ce moment de l'aventure qu'il se passe quelque chose avec les Bleus de Didier Deschamps.

On les connaît trop bien pour ne pas les croire. Pour ne pas leur faire confiance quand ils répètent, à l'envi, que le premier tour, ça reste le premier tour, même lorsque l'apéritif a des faux airs de dessert. On les connaît trop bien pour ne pas les imaginer sûrs de leur fait et ceci, même si ce que l'on voit sur le pré depuis le début de l'Euro n'est pas toujours rassurant.

Après le Portugal, Didier Deschamps a esquissé un bilan du premier tour. Il n'est pas rentré dans les détails, disant simplement que d'autres équipes avaient laissé une première meilleure impression que les Bleus - une autre manière de dire que l'équipe de France n'est pas encore folichonne. Il a surtout rappelé ce qu'il avait dit la veille du match. A savoir : les compteurs sont remis à zéro et lundi, c'est une autre compétition qui attend les champions du monde à Bucarest. Dimanche, il en a d'ailleurs remis une couche en signalant que l'Italie, impériale au premier tour, ne s'était pas promenée face à l'Autriche en huitièmes.

L'équipe de France de l'ère DD a toujours franchi le premier obstacle avec de l'avance sur la concurrence, comptable il s'entend. Du Mondial 2014 à cet Euro, c'est une constante : les Bleus sortent toujours des poules à la meilleure place. La première. Avec les meilleures intentions, aussi, mais c'est au niveau de la réalisation que ça coince parfois.

Du doute à l'assurance

A ce titre, la Coupe du monde 2014 est presque une anomalie. Avec des Bleus partis pleine balle et qui ont fini par coincer dès que le couperet se rapprochait. Sans doute le trac de la première fois. On l'avait vu face au Nigeria (2-0). Ca s'était confirmé contre l'Allemagne (0-1). Depuis, les joueurs de Didier Deschamps fonctionnent sur un autre rythme, même si ce premier tour ne ressemble guère aux précédents.

Pour faire simple, l'entame et les deux premiers matches servent à éclairer le chemin et l'envol arrive dès le début de la phase à élimination directe. C'est moins vrai cette année, parce que les Français ont débuté sur un chef d'œuvre de maîtrise, avant de mollir face aux Hongrois et de laisser un goût d'inachevé face aux Portugais.

Regarder devant, c'est toujours avoir un œil sur ses arrières. Et se rappeler des belles choses. Parce que les Bleus de 2021 ont deux ou trois bons souvenirs en magasin, ils peuvent se targuer de savoir comment on gère la phase de transition entre les doutes et les assurances. De savoir comment trouver le déclic. On ne le dégote pas sous le sabot d'un cheval, assurément. Et il est tout aussi mental que tactique, ou physique, ou tout ce que vous voulez.

Il y a cinq ans, une éternité à l'échelle du jeu et d'un football où "tout va très vite", les Français n'étaient pas forcément à l'aise dans leurs baskets par un dimanche lyonnais ensoleillé, quand l'Irlande menait à la marque et que l'on cherchait à comprendre comment les Français s'extirperaient d'un piège qui n'aurait jamais dû en être un. Et puis, le 4-2-3-1 était né. DD avait changé son fusil d'épaule. Griezmann s'était rapproché de Giroud. En quatre minutes, de la 57e à la 61e, une équipe avait vu le jour.

La Suisse, une tête connue

Deux ans plus tard, le déclic, ce petit rien qui fait un grand tout, n'avait pas été tactique. Parce que les Bleus avaient déjà trouvé leur équilibre face au Pérou (1-0), même si les doutes subsistaient. Non, c'est la tête qui s'était débloquée dans le match qui, finalement, ressemblait le moins aux futurs champions du monde. Mais le profil et le CV de l'adversaire - l'Argentine de Messi - avaient poussé les hommes de Didier Deschamps à prendre conscience de leurs forces et de leur potentiel. Se coltiner un tel morceau dès les huitièmes était le meilleur cadeau que le destin pouvait leur offrir.

Lundi à Bucarest, ce sera la Suisse, adversaire bien connu des Bleus soit dit en passant, puisque sur leur route en 2014 - pour l'un des plus beaux matches de poules de l'histoire des Bleus - et en 2016 - pour l'un des pires. Ce sera avec un autre système, encore. Mais qu'importe les hommes et le schéma, c'est maintenant qu'on attend les frissons. Maintenant, et pas demain. Parce que demain, ce sera trop tard. Et avouez que ce serait dommage. Cette équipe vaut mieux que ses promesses.