COUPE DU MONDE 2018 - Le renoncement du sélectionneur allemand Joachim Löw à intégrer, avec Leroy Sané dans ses 23, un de ses joueurs les plus talentueux, répond à des critères enracinés dans une culture du collectif magnifiée en 2014. Et forcément entretenue depuis.
"Il s'agit de nommer la meilleure équipe pour le tournoi.“ En lâchant cette phrase peu avant l'annonce du groupe des 23 Allemands pour la Coupe du monde, Oliver Bierhoff, directeur sportif de l’équipe nationale, reste fidèle à la stratégie de communication mise en place en 2014 à grand renfort de slogans. Après la création de "die Mannschaft“ (l’équipe) il y a quatre ans, les communiquants de la sélection ont bissé cette année avec le hashtag "ZSMN“, contraction de "zusammen“, qui signifie "ensemble collectivement“, en allemand. On voit bien l’idée : le collectif subsume l’individu et l’individuel, le groupe prime sur les velléités des solistes, sur et en dehors du terrain. Il ne s’agit pas nécessairement de nommer les meilleurs joueurs pris individuellement mais de construire et cimenter un orchestre cohérent et soudé.
En se passant d’un joueur aussi doué que Leroy Sané, le sélectionneur allemand Joachim Löw envoie un signal à son groupe : ce sera, encore et toujours, le "Teamgeist“ (l’esprit d’équipe) et rien d‘autre. Car question talent, on peut passer vite sur le joueur de 22 ans, rien à redire. "Leroy a un talent immense, c’est absolument clair“, a confirmé le sélectionneur en conférence de presse ce lundi peu avant midi. Sauf que... "Dans les matches avec l’équipe nationale, il n’a peut-être pas encore réussi à le mettre à profit.“
Euphémisme poli. Sané, ce sont 10 buts et 15 passes cette saison en Premier League en 32 apparitions avec Manchester City, 15 buts et 19 passes toutes compétitions confondues. Le tout pour 49 matches cette saison avec City pour le natif d’Essen. Tout sauf indigent. En équipe nationale, en revanche... le fils de la gymnaste Regina Weber a participé à 4 des 5 derniers matches sans victoire de la Mannschaft. N'a su se mettre en valeur ni contre le Brésil (0-1), ni contre l'Autriche (1-2). À l’arrivée, 12 sélections, 0 but, 1 passe décisive. Beaucoup de ballons perdus et une tendance à surjouer, à s’enfermer dans des situations entouré de 3 ou 4 joueurs, comme samedi à Klagenfurt. En somme : productif avec City, improductif avec la sélection.
La soufflante de Guardiola
Dans l'ouest de l’Angleterre, Josep Guardiola ne s’est pas ménagé pour cadrer son ailier. Le Catalan, ainsi que l’a révélé le quotidien "The Daily Telegraph“, lui a passé un savon qui a fait trembler les murs du vestiaire à la mi-temps d'un match de coupe à Wigan. Faiblesse dans l'implication, incapacité à respecter le schéma tactique. En sélection, Toni Kroos, qui est désormais un patron, l'a durement critiqué – sans le nommer – dans la foulée de la défaite 0-1 contre le Brésil en mars, en pointant l'incapacité de certains à livrer des performances à la hauteur au moment voulu et un langage corporel défaillant. Sané aurait de surcroît une tendance à se livrer à des attitudes de starlette, comme au cours du stage de préparation dans le nord de l'Italie. Pas rédhibitoire, mais pas à son avantage non plus. Sur ce point, cependant, la communication du sélectionneur est en contradiction avec les faits : "Leroy s'est comporté de façon très correcte“, a-t-il décrit à l'occasion de la conférence de presse qui a suivi l'annonce des 23. Une façon de le ménager.
#DieMannschaft #ZSMMNpic.twitter.com/vTjvfLhTdS
— Germany (@DFB_Team_EN)5 juin 2018
Pourtant, le refus du jeune ailier de répondre favorablement à la convocation à la Coupe des confédérations est un souvenir tenace qui, lui aussi, a pu jouer en sa défaveur. À l’époque, Sané avait publiquement réagi ainsi : "Je serais volontiers allé en Russie. Mais, en concertation avec les médecins, je me suis décidé à profiter de la pause estivale pour attaquer la nouvelle saison sans pépin physique“. Une préférence clairement affichée pour son club par rapport à la sélection. Une faute de goût, sans doute, une mauvaise inspiration, aussi : au cours de ce tournoi, dans la zone de jeu de Sané, non seulement Julian Draxler s’est affirmé, brassard de capitaine en sus, mais Julian Brandt a, lui aussi, envoyé des signaux positifs.
Or Joachim Löw a assez clairement assumé une logique de doublage des postes, sans exception. Il emmènera par exemple en Russie le Berlinois Marvin Plattenhardt derrière Jonas Hector comme arrière gauche, une décision prévisible au vu des discours préalables du sélectionneur. "A gauche, nous disposons avec Jonas Hector et Marvin Plattenhardt de deux joueurs. Je suis très satisfait de l’évolution d’Hector et Plattenhardt, lui aussi, a livré de bons matches. Si j’imagine devoir doubler chaque poste, ce sont les candidats n°1." La logique vaut partout : Gomez pour Werner en pointe, Draxler pour Reus à gauche, Brandt pour Müller à droite, Gündogan pour Kroos, Goretzka pour Khedira, etc. Il s’agissait donc de choisir entre Sané et Brandt. Deux joueurs offensifs aux nombreux points communs : jeunes, rapides, agiles sur les ailes. Le blondinet de Leverkusen n'a pas forcément beaucoup plus convaincu en sélection jusqu'ici mais présente l'intérêt de pouvoir évoluer des deux côtés.
La tactique et la politique
Et la dimension tactique joue un rôle prépondérant. A Manchester City, Guardiola octroie à Leroy Sané une importante liberté d’action. Le n°19 des Citizens peut prendre de la vitesse et partir de la ligne de touche. En équipe nationale, il n’a pas cette latitude car Löw demande à ses ailiers de se recentrer pour laisser le champ libre aux montées des arrières latéraux ultra offensifs que sont Jonas Hector à gauche et Joshua Kimmich à droite. Ce qui convient très bien à Julian Draxler et à Marco Reus. Pas à Sané. Plus ce dernier doit évoluer dans l’axe du terrain, moins il profite de sa vitesse et plus il se retrouve face à des joueurs nombreux. S’ajoute à cela une potentielle dimension politique. Après Kevin Volland, pas appelé dans les 27, après Bernd Leno et Jonathan Tah, bien dans les 27 mais pas dans les 23, écarter – de surcroît pour la seconde fois concernant Brandt – un 4e joueur du Bayer Leverkusen de Rudi Völler aurait fait beaucoup.
La décision du sélectionneur, de toute façon, ne fait pas l’unanimité. En Angleterre en particulier, où beaucoup sont restés sans voix. L’ancien joueur de Chelsea Michael Ballack, par exemple, a réagi ainsi sur Twitter une heure après l’annonce du verdict : "Avec cette décision, Löw se met une énorme pression. Sané, le meilleur jeune de la Premier League, doit rester à la maison“, s’étonne l’ancien capitaine aux 98 sélections. Jack Pitt-Brooke, journaliste du quotidien britannique "The Independent“, n’en a pas cru ses yeux : "Comment quelqu’un peut-il décider de ne pas embarquer Leroy Sané pour la Coupe du monde ? Y aurait-il une possibilité qu’on lui trouve un passeport britannique, afin qu’on puisse le prendre dans le groupe de l’Angleterre ?“ L’onde de choc a même atteint le milieu politique. Le parti libéral du FDP, dont la présence au Bundestag s’est récemment interrompue pendant 4 ans – la durée entre deux Coupes du monde... –, s’est fendu d’un tweet : "Tête haute, Leroy. Nous aussi nous sommes sortis du jeu une fois, mais 4 ans plus tard nous étions de nouveau là“. Le sélectionneur est d’accord, qui a donné rendez-vous en septembre à Sané et aux autres restés sur le pas de la porte.
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