Ces dernières semaines, les paroles de Dietmar Hamann, ex-milieu de terrain du Bayern Munich et de Liverpool, ont forcément été scrutées. Le footballeur devenu expert s'est notamment fait remarquer en affirmant que Robert Lewandowski était un problème pour le Bayern, le qualifiant d'individualiste plutôt que de joueur d'équipe.

Une sortie qui a suscité de vives réactions, y compris celle de l'intéressé. "Je suis toujours concentré sur mon travail", a déclaré l'attaquant à ESPN. "Ce que quelqu'un dit sur moi ne m'intéresse pas, surtout si c'est stupide. Je ne pense pas qu'il connaisse beaucoup la tactique". Sky Allemagne, son employeur, a été forcé de publier un communiqué à la suite de cet incident, tandis que Hamann a persisté : "Je maintiens ma position, à savoir que depuis 12 ou 18 mois, il n'est pas le même joueur qu'avant".

Quand Dietmar Hamann affirme que Robert Lewandowski n’est plus le même joueur, l'ancien défenseur de Liverpool voit juste. On ne peut pas lui enlever ça... Le Polonais n'a jamais autant brillé sur le plan personnel, et le paradoxe, c'est que ce constat arrive à un moment où il n'a jamais autant joué pour les autres. Avec les déclins progressifs d'Arjen Robben et Franck Ribéry, Lewandowski a dû être un leader d'attaque pour épauler les jeunes Kingsley Coman et Serge Gnabry, chargés de l'alimenter depuis leurs ailes.

Depuis le début de la saison 2018-2019, il a distillé sept passes décisives en championnat - son meilleur total depuis son arrivée au Bayern, et il reste 12 matches de Bundesliga. Ce nombre croissant d'assists ne devrait pas être une surprise, car le Polonais crée aussi plus d'occasions franches pour ses coéquipiers: 1,57 occasions créées par match, soit nettement plus que son meilleur total jusqu'alors, qui était de 1,03 occasions créées par match lors de sa première saison au Bayern.

Son nombre de buts a légèrement baissé en Bundesliga dans une période de transition sous la tutelle de Niko Kovac, mais grâce à une magnifique campagne en Champions League, Lewandowski compte tout de même 25 buts en 30 matches toutes compétitions confondues cette saison. Il est le meilleur artilleur de la Ligue des champions, démontrant ainsi que ses nouvelles attributions dans la création ne priment pas par rapport à son rôle de finisseur.

De nombreux attaquants peuvent être considérés comme des références à ce poste d'avant-centre mais aucun n'est aussi complet que Lewandowski ne l'est pour le Bayern Munich actuellement. Harry Kane tourne dans les mêmes sphères en termes de buts marqués, mais il est beaucoup moins prolifique au niveau des passes décisives et des occasions créées. Luis Suarez, considéré par son ancien manager, Luis Enrique, comme le meilleur numéro 9 au monde, est aussi plus égoïste devant les buts que Lewandowski sur cette saison 2018-1919. Même Edinson Cavani en Ligue 1 ne parvient pas à se montrer aussi décisif que Lewandowski.

Le Polonais n'est d'ailleurs plus qu'à trois offrandes de son meilleur total de passes décisives sur l'ensemble de sa carrière. C'était sous Jurgen Klopp au Borussia Dortmund. L'Allemand avait attiré Lewandowski en Allemagne en 2010, mais ce dernier s'était d'abord illustré dans l'art de la passe avant d'affoler les compteurs-buts.

Lors de sa deuxième saison, il est devenu le meilleur buteur du club avec 22 buts en Bundesliga, tout en réalisant 8 passes décisives dans une saison où le Borussia de Klopp a été sacré champion d'Allemagne. Les retrouvailles entre les deux hommes auront donc une saveur particulière. Aujourd'hui encore, Lewandowski attribue un mérite énorme à Klopp dans la dimension qu'il a prise.

"Il a stimulé chez moi l'instinct de buteur et cela m'a permis de faire un pas en avant", a déclaré Lewandowski sur le site officiel de la Champions League. "Je ne savais pas que j'avais beaucoup de potentiel, plus que je ne le pensais, et cela signifie qu'il a vu quelque chose en moi que je ne pouvais pas voir".

En 2017, Klopp a désigné Lewandowski comme le joueur qui avait le plus progressé sous ses ordres. Lorsqu'il cherchait à le recruter à Dortmund, Klopp s'était rendu en Pologne pour superviser l'attaquant. Après l'avoir observé plus de 30 fois, Dortmund a finalement eu son diamant, et Klopp a su le polir pour en faire le meilleur numéro 9 de la planète.

Il a fallu quelques centaines d’euros à Klopp pour faire de Lewandowski le joueur qu’il est aujourd’hui. Voir son ancien poulain briller à Anfield mardi soir pourrait lui coûter beaucoup plus cher.